Louis-Marie Baader (1828 - 1919)
La Mort de Cléopâtre, Reine d'Égypte, vers 1899
Huile sur bois
90,6 x 125,5 cm
Si Cléopâtre ne figure pas parmi les neuf preuses du Moyen Âge, ni plus tard dans la galerie des femmes fortes de XVIIe siècle, son iconographie se développe pourtant de façon pléthorique et sans discontinuité à partir du XVIe siècle. La scène la plus représentée, du XVIe au XIXe siècle, est celle de son suicide. Elle est montrée soit seule, un petit serpent lui mordant le sein, soit dans la même situation mais accompagnée de ses servantes. Son attitude, parfois extatique, confère souvent aux œuvres une forte charge érotique.
En 1899, Baader choisit ce sujet pour son envoi au Salon. Comme la plupart des peintres de sa génération, il déploie une mise en scène riche en détails archéologiques, avec le souci de reconstituer un environnement pharaonique. Toutefois, les critiques lui reprochent quelques écarts historiques : le petit aspic ressemble plutôt à un cobra, et le panier de figues où il était caché n’est pas représenté. Le luxe de la pièce et la posture lascive de la reine mettent surtout l’accent sur l’aspect fastueux et érotique qui se dégage de cette femme de pouvoir. Cette image sera également développée au XXe siècle. Consacrée par plusieurs grosses productions cinématographiques, dont la plus légendaire est la Cléopâtre de Joseph Mankiewicz (avec Élisabeth Taylor dans le rôle principal), cette figure a dépassé en notoriété toutes les femmes illustres de l’Antiquité. Présente sur tous les supports (publicité, bande dessinée, comédie musicale), elle incarne désormais aux yeux des contemporains une fascinante femme de pouvoir, libre et emportée par la passion amoureuse.