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Le musée
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Les œuvres phares

Consultez les oeuvres incontournables du musée et amusez-vous à découvrir ces chefs-d’oeuvre à travers les différents thèmes que nous vous proposons.

Pour des raisons de prêts, de restaurations ou de conservation, toutes ces oeuvres ne sont pas actuellement présentées dans les salles du musée.

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Calcaire marneux

Il existe au sein du cabinet quatre petites plaque de pierre sur la surface desquelleson croirait voir des paysages peints. Il s’agit d’un calcaire marneux des environs de Florence qui a donné lieu à beaucoup de spéculations, de rêverie, de sujets d’interprétation au cours des âges et qu’on appelle des Paesines. Au 16e siècle, et ce jusqu’au 17e, les dessins formés sur ces pierres paraissaient tellement mystérieux qu’on ne pouvait faire autrement que d’évoquer l’influence d’un Esprit particulier sur les roches. En effet, coupés longitudinalement, ces calcaires font apparaître des dessins de villes avec des ruines, des masures qui évoquent immanquablement la poésie des civilisations englouties. C’est au 18e siècle que l’on proposera des explications plus rationnelles c’est-à-dire naturalistes : les dessins apparaissant sur les roches sont peu à peu attribués à des phénomènes de sédimentation combinés à des mouvements tectoniques.  Mais à l’époque de Robien, la dimension mystérieuse de la formation de ces dessins restait entière ; bien que Robien lui-même n’ait sans doute jamais cru à une origine magique de la formation de ces roches. Ces petites plaques étaient incrustée dans la partie frontale de petits tiroirs de meubles appelés également cabinets, meuble qui nous est manquant. Il nous faut donc imaginer un petit cabinet aux multiples façades entièrement couvertes de ces représentations anecdotiques mais si poétiques. C’est pourquoi de très nombreux collectionneurs européens, et parmi les plus prestigieux tel Rodolphe II à Prague, collectionnaient ce type de pierres. Dans la première moitié du 18e siècle cependant, à l’époque de Robien, on ne construisaient plus de meubles-cabinets comportant des décors de Paesines. Une fois encore, Robien collectionne des vestiges d’une mode dépassée car il s’agissait bien pour ce collectionneur de sauver les restes d’un petit monument disparu, et c’est en ce sens que notre homme est particulièrement moderne, voire préromantique.   L’Occident n’est pas le seul lieu où s’est développé ce type de méditation sur l’œuvre de la nature. En Chine, au Japon, et en Corée à la même époque, on rencontre aussi la même démarche : de grandes plaques de marbres sont coupées longitudinalement, évoquant des paysages se référant le plus souvent aux quatre saisons. Il peut s’agir également de pierres entières (gongshi en Chine, suiseki au Japon) qui évoquent des éléments de forêts fantastiques et qui prêtent à la méditation.  Nous sommes là en présence de la manifestation d’un goût qui était commun à l’Asie et à l’Europe jusqu’au XVIIIe siècle, et dont le mode de fonctionnement reposait sur l’analogie, c’est-à-dire l’association d’idées qui permet ici de faire le lien, grâce à des similitudes formelles, entre des lignes abstraites et involontaires, avec des références figuratives connues et appartenant à la culture du regardeur.""Il existe au sein du cabinet quatre petites plaque de pierre sur la surface desquelles on croirait voir des paysages peints. Il s’agit d’un calcaire marneux des environs de Florence qui a donné lieu à beaucoup de spéculations, de rêverie, de sujets d’interprétation au cours des âges et qu’on appelle des Paesines.   Au 16e siècle, et ce jusqu’au 17e, les dessins formés sur ces pierres paraissaient tellement mystérieux qu’on ne pouvait faire autrement que d’évoquer l’influence d’un Esprit particulier sur les roches. En effet, coupés longitudinalement, ces calcaires font apparaître des dessins de villes avec des ruines, des masures qui évoquent immanquablement la poésie des civilisations englouties. C’est au 18e siècle que l’on proposera des explications plus rationnelles c’est-à-dire naturalistes : les dessins apparaissant sur les roches sont peu à peu attribués à des phénomènes de sédimentation combinés à des mouvements tectoniques.  Mais à l’époque de Robien, la dimension mystérieuse de la formation de ces dessins restait entière ; bien que Robien lui-même n’ait sans doute jamais cru à une origine magique de la formation de ces roches. Ces petites plaques étaient incrustée dans la partie frontale de petits tiroirs de meubles appelés également cabinets, meuble qui nous est manquant. Il nous faut donc imaginer un petit cabinet aux multiples façades entièrement couvertes de ces représentations anecdotiques mais si poétiques. C’est pourquoi de très nombreux collectionneurs européens, et parmi les plus prestigieux tel Rodolphe II à Prague, collectionnaient ce type de pierres. Dans la première moitié du 18e siècle cependant, à l’époque de Robien, on ne construisaient plus de meubles-cabinets comportant des décors de Paesines. Une fois encore, Robien collectionne des vestiges d’une mode dépassée car il s’agissait bien pour ce collectionneur de sauver les restes d’un petit monument disparu, et c’est en ce sens que notre homme est particulièrement moderne, voire préromantique.   L’Occident n’est pas le seul lieu où s’est développé ce type de méditation sur l’œuvre de la nature. En Chine, au Japon, et en Corée à la même époque, on rencontre aussi la même démarche : de grandes plaques de marbres sont coupées longitudinalement, évoquant des paysages se référant le plus souvent aux quatre saisons. Il peut s’agir également de pierres entières (gongshi en Chine, suiseki au Japon) qui évoquent des éléments de forêts fantastiques et qui prêtent à la méditation.  Nous sommes là en présence de la manifestation d’un goût qui était commun à l’Asie et à l’Europe jusqu’au XVIIIe siècle, et dont le mode de fonctionnement reposait sur l’analogie, c’est-à-dire l’association d’idées qui permet ici de faire le lien, grâce à des similitudes formelles, entre des lignes abstraites et involontaires, avec des références figuratives connues et appartenant à la culture du regardeur."