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Les œuvres phares

Consultez les oeuvres incontournables du musée et amusez-vous à découvrir ces chefs-d’oeuvre à travers les différents thèmes que nous vous proposons.

Pour des raisons de prêts, de restaurations ou de conservation, toutes ces oeuvres ne sont pas actuellement présentées dans les salles du musée.

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Pagodes ou magots au XVIIIe siècle

On appelait pagodes ou magots au XVIIIe siècle, toute sorte de figurines d’origine chinoise, et c’est en ces termes que le collectionneur rennais Christophe-Paul de Robien en parle dans son manuscrit; le second terme est généralement un peu péjoratif puisqu’il désigne en langue française un personnage laid, que l’on a aussitôt associé à une figure du bouddhisme chinois, celle du dieu du Bonheur, de la bonne Santé et du Contentement : Hoteï.

Ce dieu est présent dans beaucoup de traditions asiatiques, Bouddhisme, Shintoïsme, Taoïsme, et par conséquent a fait l’objet de très nombreuses représentations qui ont été disponibles en abondance pour le commerce occidental via les ports de commerce asiatiques; et en effet, bien que très rieur, ce dieu était réputé aussi pour sa laideur qui n’est jamais gommée dans les représentations.

Quoique péjorative, l’appellation ne doit cependant pas masquer un engouement très fort tout au long du XVIIIe siècle occidental pour ce type de statue. On en rencontre alors dans toute l’Europe chez beaucoup d’aristocrates, en Allemagne, en Hollande, au Portugal, etc. Le peintre Fragonard en a même représenté dans ses tableaux comme éléments de décors.

De quoi s’agit-il exactement : un personnage en terre plus ou moins cuite peinte, figurant un mandarin. Sa particularité est d’avoir les mains et la tête trembleuses. Pourquoi ?

Cette particularité est liée à la fois à son mode de fabrication, et celui de sa diffusion. En effet, à l’origine il s’agit d’une terre rapidement cuite, fabriquée un peu en série, et donc relativement fragile. Elle est utilisée pour représenter des personnages du théâtre populaire chinois. Comme en France, en Italie ou en Allemagne, où les troupes de théâtre sillonnent le pays de ville en ville, des troupes populaires se produisaient en Chine, sur les places des villes et des villages, représentant non pas des scènes de la Commedia dell’arte comme en Italie évidemment, mais des histoires populaires locales. À la fin des représentations, les acteurs sortaient de ballots de voyage des statues de leur personnage qu’ils vendaient, sorte de service après-vente de leur représentation théâtrale.

Alors pourquoi trembleuses ? Eh bien parce qu’à force de déballer-remballer les statues, de les transporter sans cesse de ville en village, celle-ci finissaient pas se rompre rapidement, notamment aux extrémités en raison de leur fabrication rapide. C’est pourquoi on eut l’idée de monter les mains et la tête sur des ressorts, afin que les vibrations inévitables du transport ne cassent les fragiles extrémités…

Avec cette statue de mandarin, nous avons plutôt affaire à un objet qui a été fait pour le commerce occidental et qui n’a pas servi à une troupe de théâtre : la tête n’est en effet pas seulement montée sur ressort, mais possède un système de contrepoids interne qui permet à son chef de bouger plus élégamment. À partir du règne de l’empereur Kangxi (1662-1722) et jusque sous Qianlong (1735-95), au moment où l’Occident commerce le plus avec la Chine, les Chinois fabriquent abondamment des objets pittoresques : la stratégie chinoise est de contenter la curiosité occidentale qui paraît envahissante, pour en contenir les assauts marchands.

Aujourd’hui ces objets sont très recherchés, et on en trouve encore parfois chez des marchands extrêmement spécialisés; Robien en avait toute une série dont certains malheureusement ont disparu.