Marteen Van Heemskerck (1498 - 1574)
Saint Luc Peignant la Vierge, 16e siècle
Huile sur bois
207,5 x 144,2 cm
Ce Saint Luc peignant la Vierge témoigne de l’évolution du statut des artistes à la Renaissance. Luc est l’un des quatre évangélistes, son attribut principal est le taureau. Parmi ses diverses actions, il aurait peint le portrait de la Vierge et, de ce fait, il est le saint patron des artistes. C’est cet aspect du personnage que choisissent de représenter de nombreux peintres à partir de la Renaissance.
Heemskerck est l’un des principaux peintres hollandais du XVIe siècle. Il est l’un des premiers à entreprendre le voyage en Italie en 1536, où il découvre la culture classique et les ruines et sculptures de l’Antiquité, mais aussi les œuvres puissantes et expressives de Michel-Ange. Cette leçon italienne a une grande importance dans sa production à venir. Vers 1545, alors qu’il est doyen de la guilde des peintres de Haarlem, il réalise le tableau de Rennes comme un manifeste de sa vision de l’art. Les figures et les accessoires sont exécutés avec une minutie caractéristique de l’art du Nord. Le visage de saint Luc fait d’ailleurs penser à un portrait. À l’arrière-plan, dans une cour, s’affairent des sculpteurs. Cet espace est orné de plusieurs statues fragmentaires antiques que le peintre avait pu observer lors de son passage à Rome. L’écho entre les figures peintes et les sculptures est souligné par la pose de la Vierge qui s’inspire de celle de la statue située au centre de la cour. Les symboles et les références sont présents dans chaque élément : la tête de l’Enfant reprend celle peinte par Michel-Ange dans le Tondo Doni, les divers objets, ouvrages et recueils évoquent les sciences (astronomie, médecine, anatomie) et soulignent l’humanisme de l’artiste. Le mélange complexe de ces éléments rappelle l’évolution du statut des artistes, lesquels ne sont désormais plus considérés comme de simples artisans et dont la pratique se veut aussi noble que celle des arts libéraux, faisant appel à l’intellect.