Momie de Chat
Égypte
42 x 10,3 x 9 cm
Le dépôt de corps d’animaux dans des espaces funéraires ou sacrés n’est pas fortuit en Égypte ancienne. On isolera le cas particulier de parties d’animaux qui composent les aliments déposés à destination du défunt dans la tombe. Il existe également des rares cas de sépultures d’animaux domestiqués. Enfin, certains animaux sont considérés comme la représentation terrestre des divinités, par exemple le taureau Apis, associé à Ptah de Memphis.
Les momies de chat se distinguent par leur quantité et leur fonction. Elles n’incarnent pas de valeur divine intrinsèque, mais simulent l’incarnation de la déesse Bastet, assimilées à des ex-voto. Leur production en masse est signifiante d’une piété populaire majeure, au point de transformer le temple chargé de fournir aux pèlerins les corps momifiés en une sorte d’« usine à momies ». Les prêtres gèrent les différentes étapes de la production, élevage, abattage et momification. Considérant que le rituel prédomine sur la présence physique du corps, ils recourent à des préparations moins élaborées, impossibles à déceler de visu. Ils aboutissent progressivement à des momies dont la forme de chat représente une réalité visible au-delà du réel contenu.
S’appuyant sur les technologies actuelles telles que la radiographie et le scanner, les études scientifiques montrent que les corps sont parfois absents ou incomplets, l’enveloppe ne renfermant que quelques ossements. Du point de vue égyptien, il n’y a ni fraude ni supercherie, le rituel est respecté. La radiographie réalisée en 2017 dans un cabinet vétérinaire rennais a favorisé l’intégration de cette momie à un dispositif interdisciplinaire en imagerie de l’IRISA, de l’INSA, de l’INRAP et de l’Université de Rennes 1 : Les bandelettes contiennent des ossements accumulés dont les membres antérieurs et postérieurs identifiés sont attribués à trois chats distincts. À l’emplacement supposé du crâne, les chercheurs ont identifié une pelote de fibre végétale.