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Le musée
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Les œuvres phares

Consultez les oeuvres incontournables du musée et amusez-vous à découvrir ces chefs-d’oeuvre à travers les différents thèmes que nous vous proposons.

Pour des raisons de prêts, de restaurations ou de conservation, toutes ces oeuvres ne sont pas actuellement présentées dans les salles du musée.

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L’écran Mi’qmawk.

Cet objet de la collection de Robien, appelé écran (qui sert à éventer ou à se protéger -faire écran- du soleil) est un objet paradoxal : présent dans toutes les civilisations, de l’Amérique à l’Asie anciennes, il a été très abondant partout et pourtant on n’en trouve quasiment plus ! En effet, considéré comme un consommable et soumis à toutes les modes, on s’en séparait aussi facilement qu’on en rachetait un. Le fait que Robien en ai conservé un exemplaire est déjà un phénomène en soi.

Pour ce qui concerne la datation, l’article spécialisé d’un passionné rennais a pu confirmer il y a peu son rattachement plus que  probable aux années 1740 par sa forme : on retrouve un exemple au dessin semblable dans un tableau de François Boucher récemment exposé au Louvre dans une exposition temporaire et provenant de Suède daté de 1735.

Plus intriguant est son décor : l’objet est en effet réalisé d’écorces de bouleau et brodé de piquants de porc-épic teintés : malgré sa forme Française, cet objet n’est donc pas originaire de notre pays. Nous sommes là sans aucun doute en Nouvelle-France, et plus particulièrement du côté des Indiens Mi’qmawk. On a oublié que la France est la seule puissance européenne à avoir participé aux deux vagues de colonisation, la première en même temps que l’Espagne, le Portugal et les Pays-Bas, et la seconde avec l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie. Dans cette première période de colonisation, plus de la moitié du Canada actuel et près de la moitié des États-Unis étaient considérés comme colonies Françaises (1534-1763). C’est là-bas sans aucun doute que l’objet a été réalisé, à partir de modèles Français.

Mais ce qui fait tout l’intérêt de cet objet sont les scènes qui le décorent : un personnage (un Indien) sous un arbre où se trouve un oiseau, avec à ses pieds un chien. Il s’agit ici d’une représentation qui est tout à fait commune aux indiens et aux européens et qui fait que l’on peut dire de cet objet qu’il est tout à la fois, et totalement Indien et Européen : beaucoup d’écrans européens présentaient des décors semblables regroupant ces mêmes éléments mais à des échelles différentes; et pourtant, et le dessin du verso le confirme, il s’agit sans doute ici d’une légende de chasse représentée par une artiste amérindienne. Cet objet métis présente donc la particularité d’incarner une sorte de malentendu : chacun croit y reconnaître ce qu’il connait déjà.